Retour aux thèmes de l'Agenda des Frontières 2020
Au cours des dernières années, l'augmentation significative de l'insurrection violente et les efforts de recrutement de groupes extrémistes dans la région du Sahel ont suscité de plus en plus d'inquiétudes. Une gouvernance faible, des frontières poreuses, des tensions ethniques croissantes et un taux de chômage élevé en particulier chez les jeunes ont créé un environnement propice à la prolifération des organisations terroristes. Des conflits locaux préexistants ont servi à attirer des combattants étrangers originaires de la région ou liés à celle-ci, et des groupes tels qu'Al-Qaïda et l'État islamique ont commencé à s’immiscer dans le conflit et à s’organiser en opposition aux gouvernements afin d'exploiter et d'accroître l'instabilité dans la région et au-delà. La sécurité dans l'ensemble du Sahel est d’autant plus compromise par la collaboration entre des groupes terroristes et des réseaux criminels, notamment des trafiquants de drogue et d'armes, générant des flux d’argent et d'armes importants. Malgré les stratégies multiples et les investissements importants, les attaques de groupes extrémistes se produisent de plus en plus fréquemment.
La radicalisation à l’extrémisme violent est un phénomène préoccupant à l’échelle mondiale, à tel point qu’aucune région n'est épargnée, quoique certains pays comme Madagascar n'en soient pas encore en danger. On peut affirmer que les pays dans l'espace francophone n'en sont non plus à l'abri. Si elle ne concerne en général que les hommes, malheureusement des faits récents ont montré que les femmes et les enfants en sont aussi de plus en plus intéressés.
Cet article se focalisera en premier lieu sur les causes, les formes, les manifestations et les supports de la radicalisation à l’extrémisme violent chez les jeunes et les enfants, en second lieu sur les réponses et les préventions pour y faire face.
La radicalisation à l’extrémisme violent était, pour la plupart des cas, pour répondre aux injustices ressenties par certaines franges de la population qui se sentaient opprimées ou marginalisée. Sur 1,8 milliard de jeunes dans le monde, près d’un quart, soit 408 millions, souffrent d’exclusion et de marginalisation, et qui sont tant exposées à la violence. Mais d’autres facteurs peuvent aussi être pris en compte comme le risque accru de violence qui résulterait de la croissance de la population jeune ou le fait que les jeunes réfugiés et migrants représenteraient de nouvelles menaces en termes de terrorisme et de crime ou que la plupart des jeunes sont susceptibles d’être recrutés par des groupes extrémistes violents qui veulent imposer par la force leurs idées ou plutôt leurs idéologies au mépris des autres religions ou idéologies.
Dans la société de nos jours, les jeunes se sentent exclus dans presque tous les domaines : politique, développement et économie, et même pour la construction de la paix, pourtant, les conditions qui les poussent à l’extrémisme violent sont nombreuses.
Pour ce qui est des formes et des conséquences de la radicalisation à l’extrémisme violent, le plus souvent elle aboutit à des actes de terrorisme, propagande ou incitation publique à des actes de terrorisme, à la haine et à la discrimination. On peut y ajouter aussi la piraterie maritime, les criminalités transnationales organisées, ...
La radicalisation à l’extrémisme violent se manifestait par le recrutement dans certains lieux de culte religieux mais avec l'évolution des nouvelles technologies de l'information actuelles, l'Internet par le biais des réseaux sociaux, est devenu un socle rapide et efficace pour sa propagation.
En ce qui concerne les femmes et les enfants, nous avons vu de véritables écoles où l'on enseigne ou endoctrine les enfants pour la radicalisation violente. Et malheureusement sans qu'on s'en rende compte, les médias et dans une certaine mesure la société civile, peuvent être utilisés aussi comme supports pour véhiculer la radicalisation violente.
Pour faire face à ces phénomènes de radicalisation violente, on va essayer de dégager en premier lieu les réponses et les actions de prévention en général et en second lieu le rôle et la place de la société civile pour faire face à la radicalisation à l’extrémisme violent chez les jeunes et les enfants.
Pour faire face à la radicalisation violente, l'État doit se doter d'un système basé sur un arsenal juridique qui sait s'adapter aux évolutions de la société, ainsi que d'institutions et moyens qui savent répondre efficacement à ces phénomènes de radicalisation.
En outre, l’engagement et la politique de l’État en faveur de la jeunesse, pour permettre à l’association de la jeunesse dans tout processus de sécurité et de paix sont des conditions et des atouts pour la prévention contre ce fléau. L’exclusion de l’expérience des jeunes et la méfiance qu’ils expriment vis-à-vis des autorités nationales et internationales devrait servir d’avertissement à tous.
La société civile joue un rôle et tient une place importante dans cette prévention de la radicalisation à l’extrémisme violent et en particulier chez les jeunes et les enfants.
On l'a signalé ci-dessus, les médias et dans une certaine mesure la société civile peuvent être malencontreusement utilisés comme supports pour véhiculer la radicalisation violente. Et inversement, la société civile peut ou doit être utilisée pour rendre efficace la prévention de ce phénomène de radicalisation violente. Il en est, par exemple, dans son rôle d'éducation et d’insertion surtout pour les enfants aux fins d'éradiquer la radicalisation violente, que ce soit dans les écoles ou dans toutes institutions s'occupant des jeunes et enfants.
La tolérance, le dialogue entre les différentes cultures et inter religions qui font partie des valeurs au sein de la francophonie et où la société civile tient une place importante pour favoriser de tel dialogue doivent être encouragés pour véhiculer un message de paix et de solidarité.
Et l’on doit pouvoir encourager les États à supprimer toutes formes d'injustice, toutes formes de discrimination, il en est aussi de toutes atteintes à la démocratie et à la sécurité, sources de radicalisation violente. À cet effet, la société civile y tient une place importante.
Comme on le constate, de nombreuses recherches ont porté sur les facteurs complexes et interdépendants qui influent sur la participation des jeunes à l'extrémisme violent, notamment le sentiment d'appartenance et de reconnaissance face à une augmentation des griefs personnels et de groupe. Cependant, une moindre attention a été accordée au rôle déterminant que les jeunes jouent en tant que leaders d'organisations de la société civile, membres actifs du gouvernement et défenseurs de la justice sociale. Les jeunes ne doivent pas être considérés comme un handicap, vulnérables à la radicalisation et au recrutement de groupes extrémistes violents, mais comme des partenaires essentiels et actifs pour renforcer la résilience de la communauté et faire progresser les objectifs de prévention et de lutte contre l’extrémisme violent. Dans ces rôles, les jeunes s’engagent afin de trouver des alternatives à la violence, en renforçant par exemple, les capacités de résistance des communautés, en développant des communications stratégiques ainsi qu’en et facilitant la guérison posttraumatique et la réconciliation. Par conséquent, les jeunes devraient être considérés parmi les acteurs les plus puissants dans la prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent.
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